"Qui est Yandé Codou Sène pour les sérères ?":
Yandé Codou Sène : Une figure emblématique de la culture sérère
Dans la riche tapisserie de la culture sérère, le nom de Yandé Codou Sène brille comme une étoile parmi les plus brillantes. Cette femme exceptionnelle a laissé une empreinte indélébile sur l'héritage culturel de son peuple, devenant une figure de proue adorée et respectée par les Sérères.
Née en 1932 à Somb, dans le Sine-Saloum, elle meurt le 15 juillet 2010 à Gandiaye (Sénégal) à l’âge de 78 ans. Yandé Codou Sène s'est rapidement distinguée par son talent et sa maîtrise des traditions orales de sa communauté. Elle était une griotte, une conteuse et une interprète hors pair, capable de captiver son auditoire par la richesse de son répertoire et la profondeur de ses récits.
Gardienne de la mémoire collective
Au-delà de son rôle de gardienne de la mémoire collective, Yandé Codou Sène a également joué un rôle essentiel dans la transmission et la préservation de la langue sérère. Ses performances vocales, ses chants et ses incantations ont permis de transmettre les expressions idiomatiques, les proverbes et les nuances de cette langue ancestrale, assurant ainsi sa pérennité.
Pour les Sérères, Yandé Codou Sène incarne bien plus qu'une simple artiste. Elle est une figure tutélaire, un lien vivant entre le passé et le présent, un emblème de la fierté et de l'identité de son peuple. Ses récits épiques, ses poèmes et ses louanges ont bercé l'imaginaire de générations de Sérères, leur transmettant les valeurs fondamentales de leur culture : le respect, la sagesse, la connexion à la terre et aux ancêtres.
Aujourd'hui, le souvenir de Yandé Codou Sène continue de vivre à travers les hommages et les célébrations organisés en son honneur. Sa voix résonne encore dans les mémoires, rappelant à chacun l'importance de préserver et de transmettre les trésors de la culture sérère. C'est grâce à des figures emblématiques comme elle que cette riche tradition orale continue de s'épanouir, témoignant de la pérennité et de la vitalité d'un peuple fier de son héritage.
Yandé codou Sène et Léopold Sèdar Senghor
Quand elle se fait connaître en chantant le poète Léopold Sedar Senghor dans les années 60, la griotte Yande Codou Sène était loin de se douter que sa voix touchera un jour le monde entier. De son Saloum natal, en passant par Dakar, Paris, le public est à ses pieds devant tant de talent. Figure emblématique de la culture sérère, la musique de la diva traverse encore le temps même après sa disparition.
Griotte du premier président du Sénégal, Léopold Sedar Senghor, Yande Codou est une très grande figure de la culture sérère.
Yandé Codou Sène a incarné la chanson traditionnelle sérère, ethnie à laquelle appartenait également Léopold Sedar Senghor. En tant que griotte du président, la cantatrice était la seule à pouvoir interrompre les discours de Senghor afin d’entamer un chant de louange. Elle était aussi appelé « l’ombre du Président » car elle n’était jamais bien loin de lui et l’a accompagné dans le monde entier.
Elle a influencé de manière significative la musique sénégambienne, notamment des artistes de premier plan tels que Youssou N’Dour, pour qui elle a constitué une source d’inspiration majeure. Bien qu’elle chante depuis sa tendre enfance, elle n’a enregistré son premier album, Night Sky in Sine Saloum (1998), qu’à l’âge de 65 ans. Mais ses véritables débuts dans l’industrie musicale datent de 1995, avec l’album Gaïndé qu’elle enregistre aux côtés de Youssou N’Dour et qui lui vaut des critiques extrêmement flatteuses. La même année l’album Youssou N’Dour Presents Yandé Codou Sène fait aussi connaître sa voix. De nombreux artistes sénégalais ont d’ailleurs été influencés par la musique de la diva et ont repris ses chansons. Ismael Lô, le groupe Pape et Cheikh, tous reprennent encore aujourd’hui ses chansons. De l’au-delà, la griotte continue de vivre à travers ces hommages à un talent que le monde regrette.
De son vivant, la cantatrice a fait l’objet de deux films documentaires retraçant sa vie. Dans le dernier, « Yandé Codou Sène, la griotte de Senghor », d’Angèle Diabang Brener (2008), on découvre la « diva » vivant modestement au milieu de sa nombreuse famille. Ou encore « Yande Codou Sène, diva serère » de Laurence Gavron (2008). Elle participe aussi à quatre films comme actrice et interprète de la bande originale.
De nombreux travaux ont exploré l’importance de la nomination poétique chez Léopold Sédar Senghor qui reprit une technique propre aux griots africains – notamment en pays sérère – et à laquelle fait référence le poème Aux Tirailleurs Sénégalais morts pour la France : « Vous, mes frères obscurs, personne ne vous nomme. ». Yandé Codou Sène, qui maîtrisait elle-même parfaitement cet art, y eut recours lors des funérailles du poète-président en 2001.
Youssou Ndour feat Yande Codou Sene.
