Mbégane Ndour roi du Saloum (1493 1513)

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Mbégane Ndour le fondateur du Saloum au 15e siècle et sa contribution à la construction du Sénégal moderne, est sans doute l'une des plus grandes figures historiques de la Sénégambie. La petite nouvelle de Maysa Wally Dione est au cœur de sine roi, une diplomate active à cette époque, à la construction de la nation sénégalaise. Même si lors de sa conquête il a tué successivement (les jihadistes ?) Lam Toro Ely Banna Sall et Diattara Tambédou, il aurait épargné un Peul du nom de Ilo déjà installé dans la région (Diouf 1996). Il aurait ensuite agrandi et consolidé le royaume avec l'aide d'un grand chef religieux soninké musulman du nom de Saloum Souaré,[1] le fondateur du mouvement des Diakhanké pacifistes[2]. Le marabout lui aurait remis une eau bénite qu'il répandit partout où il voulait voir s'étendre son royaume[3]. C'est pour cette raison que conquérant a décidé de changer l'ancien nom sèrère du pas appelé Mbey[4], pour celui de Saloum. En commémoration de cette collaboration bienfaisante qui a abouti au trace d'un pays multiethnique et multiconfessionnel devenu le centre géographique du Sénégal contemporain, les responsables traditionnels du Saloum pourraient prendre l'initiative de nouer fraternellement avec les Diakhanké de Casamance pour magnifier les relations anciennes des deux. familles, à l'image de la célébration organisée cette année par les autorités de Diakhao (Sine) avec les chefs responsables de la Confrérie des Mourides, en commémoration du trône du Sine Koumba Ndoffène Diouf II en faveur du vénérable Ahmadou Bamba devant l' autorité coloniale.
Mbégane est cité dans les sources et les traditions comme roi du Saloum, du Sine et du Baol (Colvin1981 p 36 ; Suret Canale ; Gravrand 1990 p17). Il a également favorisé de nombreuses alliances avec des pays et souverains de la région. La présence significative de l'aristocratie et des populations wolofs au Saloum, présence postérieure à l'empire du Djolof est le résultat de sa propre diplomatie. Entre autres initiatives, la disponibilité du mariage de la mère, de sa fille ou de son enfance Mengue Ndour au Bourba Djolof Dielen ou Nioul, mariage qui sera à l'origine du village de Lat-Mengué dans le Saloum (Bouri Ba) . C'est également sous son règne semble-t-il que les Ndao auraient rallié le Saloum. Mbégane personnage aventureux fils d'un chasseur sèrère du Saloum et d'une mère guelwar du Sine a visé de nombreux pays voisins (Bouri Ba p.18). Il crée ainsi ou plutôt donné son nom au village de Ngaye Mekhe dans le Cayor. Il s'était redu dans cette localité habitée par des artisans Wolofs en vue de se faire confectionner des selles pour sa cavalerie. Les habitants sont pressés au préalable, leurs dissidents : « Est-ce moi que tu veux voir ? Eh bien « Venez moi voix ! » : Ngar yo mexey ou mekhey est ainsi devenu Ngaye Mekhé (Lat Djiké Ngom Archives culturelles, CEC ; Bouri Ba ; Radio Dakar). Il aurait également donné sa fille Mbossé à Koly Tenguella Ba, qu'il a aidé dans sa conquête du Fouta Toro (Colvin). Mbossé aurait donné son mà la province du Fouta appelée Bossea. L'iguane Mbossé est aussi le nom du génie tutélaire de la ville de Kaolack. Il est venu un prénom féminin. En s'alliant à Koly dit Gravrand, il a même dicté sa loi jusqu'à la vallée du Sénégal (Gravrand 1990 p17). Les toponymes du Fouta appelés Cangol Guelwar ou colline du Guelwar et Wendu Guelwar mare du Guelwar que l'historien lui-même croit être « typiquement peuls » datent peut-être de cette équipée (Kane 1986).
Outre ses relations avec les royaumes mandingues de la vallée de la Gambie, il est attesté que jusqu'au 19e siècle, les rois guelwars du Sine et surtout du Saloum entretenaient des relations suivies avec les rois mandingues du Gabou en Guinée Guinée Bissau, pays d 'origine des Guelwars eux-mêmes (Sékéné M. Cissoko Colloque sur le Gabou Ethiopiques n°spécial 1980 p 89 Dakar). Le roi guelwar et sa sœur que Hecquard trouva au Gabou en plein 19e siècle prétendent que ce sont les rois du Saloum qui auraient enseigné aux souverains mandingues de la dynastie des Nianthios du Gabou, la transmission du pouvoir par les femmes[5].
Clairement le Saloum a toujours été le centre de gravité du Sénégal. En dehors de Dakar dont la métropole est une création coloniale, c'est le seul countrys traditionnel où l'on trouve peut-être dès le 16e siècle, quasiment toutes les communautés du Sénégal du nord au sud et de l'est à l' ouest. D'après et d'une communauté originaire du Burkina Faso appelée Thiouraba.
[1] Des traditions disent que Saloum ou Salomon serait en réalité un Cissé de la dynastie du Ghana dont certains des membres convertis seraient devenus une noblesse de robe.
[2] Voir http://diakhanke-family.skyrock.com/2378010325-mais-qui-etait-donc-el-hadj-salim-souare-le-premier-diakhanke.html.
[3] Les limites du Saloum selon Abdou Bouri Bâ étaient l'bre bankanasse (icacina senegalensis).
[4] Le Sine a été fondé par des migrants sèrères en provenance de Sanghana ou Sineghana devenu le Walo des Wolofs. En revanche, le toponyme Mbey et l'origine des Sèrères du Saloum ne sont pas connus.
[5] Cette tradition est bien connue des historiens. Il est attesté que jusqu'au 17e siècle (?) la transmission du pouvoir était patrilinéaire au Gabou. Ou ces pas ont des traditions les uns avec les autres comme une « terre des femmes » ou une banque mousso. Si on y ajoute que des historiens comme Ngaidé, Arcin et d'autres encore font des migrants sèrères en Sénégambie méridionale les fondateurs d'un royaume pré commandant, un certain nombre de points doivent être clarifiés